mardi 23 janvier 2024

"Toutes des filles en jaune" de Florence Hinckel

Synopsis :
Une jeune femme se fait agresser dans la rue, en pleine journée. Parmi les témoins, trois personnes : une enseignante idéaliste, un lycéen timide qui ne sait pas comment s'y prendre avec les filles, une collégienne mal dans sa peau.
Alors qu'une vidéo des faits est publiée sur les réseaux, ces quatre individus s'interrogent : que faire ? comment réagir ? auraient-ils dû intervenir ?
Un roman coup de poing pour enfin dire "la rue est à nous", et réfléchir sur la manière dont le féminisme se construit selon les âges et le genre.
 
Mon avis :
Lorsque l'on m'a proposé de découvrir le nouveau roman de Florence Hinckel, je n'ai pas hésité bien longtemps avant d'accepter. J'étais tellement curieuse d'en savoir plus que je ne lui ai pas laissé le temps de traîner dans ma PAL. Lu rapidement, j'ai beaucoup aimé !
 
Adèle marchait tranquillement dans la rue, vêtue d'une jolie robe jaune lorsqu'elle se fait gifler par un homme qui n'a pas apprécié la manière dont elle a répondu à ses avances. Cette scène s'est passée dans un lieu public et personne n'a réagi, mais cet événement va réveiller les consciences parmi les témoins de l'agression. Leur vie ne sera plus jamais la même après ça...
 
J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. La plume de Florence Hinckel est toujours aussi agréable à lire mais ce récit est bien trop réaliste. Avec ce roman, on est plongé au cœur du quotidien de chaque femme. Je savais que cette lecture serait difficile mais je ne pensais pas qu'elle le serait autant... L'auteure a très bien su retranscrire ce que ressent une femme lorsqu'elle se balade seule avec (ou non) une tenue que les hommes trouvent provocante, alors qu'elle nous permet juste d'avoir moins chaud. On ne se sent jamais vraiment en sécurité et on met en place des stratégies pour avoir l'air moins seule...
 
Cette histoire est très dure mais elle est nécessaire, j'espère qu'elle ouvrira les consciences. C'est terrible qu'en 2024, les choses n'aient pas encore changé...
 
J'ai noté une petite incohérence à la page 135. Myriam, douze ans et demi, dit qu'elle n'avait qu'un an au moment du crash des 2 avions sur le World Trade Center à New York. Cette histoire se passe de nos jours, après les mouvements MeToo et BalanceTonPorc, et les attentats datent de 2001, la chronologie ne colle donc pas...
 
J'ai beaucoup aimé la galerie de personnages que nous offre Florence Hinckel dans ce roman. Pour le coup, on se reconnaît dans chacune de leurs réactions, que ce soit la honte de ne pas avoir su se défendre, l'envie de justice, le besoin de revendiquer la libre possession de son corps, de vouloir s'habiller comme on en a envie sans peur ou de se dire qu'elle a peut-être un peu cherché ce qui lui arrive... Ce qui est frappant dans ce texte, c'est de voir comment le fait de montrer l'agression va entraîner des réactions diamétralement opposées : certains crient à la vengeance et à la justice et d'autres pensent que si l'homme l'a giflé, c'est qu'il avait une bonne raison de le faire. Cette société a le don de placer les agresseurs en position de victimes au détriment des vraies victimes...
 
La fin donne de l'espoir, tout n'est peut-être pas totalement perdu. On va croiser les doigts en tout cas !
 
Cette lecture est difficile mais elle fait réfléchir, je me sens chanceuse d'avoir pu la découvrir. Merci encore aux éditions Fayard pour cette proposition !

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